IPA : Une prime qui sonne comme une insulte

IPA: Une prime qui sonne comme une insulte. Quand les IPA reçoivent des miettes

Le 2 mars 2022, un décret et un arrêté publiés au Journal officiel annonçaient la création d’une “prime spéciale mensuelle” pour les infirmiers en pratique avancée (IPA) travaillant dans la fonction publique hospitalière (FPH). Sur le papier, ça pourrait ressembler à une bonne nouvelle. Mais quand on découvre que cette fameuse prime s’élève à… 180 euros, difficile d’y voir autre chose qu’un aveu déguisé d’échec. Plutôt que de valoriser ces professionnels à leur juste valeur, cette annonce illustre surtout l’incapacité du gouvernement à reconnaître l’importance de leur rôle et la richesse de leurs compétences.

Une reconnaissance qui laisse un goût amer

Effective à partir du 1er avril 2022 (ça ne s’invente pas), cette prime fait suite à un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) publié en novembre 2021. Ce rapport pointait du doigt la faiblesse des salaires des IPA, que ce soit dans le public ou en libéral. L’IGAS recommandait alors une revalorisation digne de ce nom pour rendre ces postes plus attractifs et mettre en lumière leur contribution essentielle au système de santé.

Mais au lieu de s’attaquer au problème en profondeur, le gouvernement a opté pour une solution de surface, jetant ces 180 euros comme on jetterait un os à un chien. Pas de réelle augmentation de salaire, juste une “petite prime” qui ne change rien aux difficultés rencontrées au quotidien. Plutôt qu’un signe de reconnaissance, ça ressemble surtout à une manière de calmer la grogne sans trop se mouiller.

Des IPA relégués au second plan

En offrant cette prime, le gouvernement envoie un message ambigu : les IPA sont certes valorisés… mais pas trop. On dirait presque qu’ils sont considérés comme des IDE (infirmiers diplômés d’État) légèrement améliorés. Pourtant, leurs compétences dépassent largement ce cadre : diagnostic, prescription, suivi thérapeutique… Les IPA prennent en charge des actes nécessitant bien plus d’autonomie et de responsabilités.

Les traiter comme des infirmiers de seconde zone, c’est non seulement injuste, mais aussi risqué. En continuant à minimiser leur rôle, on creuse encore davantage les écarts au sein des équipes soignantes et on fragilise l’ensemble du système de santé. Résultat : de nombreux IPA, lassés de se battre pour une reconnaissance qui ne vient pas, quittent le secteur public ou changent carrément de voie. Et cette fuite massive a des répercussions directes sur la qualité des soins et l’attractivité des métiers de la santé.

Un symbole d’une politique de santé à bout de souffle

Cette prime de 180 euros n’est pas qu’une anecdote. C’est le reflet d’un système de santé qui tourne en rond. Malgré l’urgence, les appels répétés à mieux rémunérer les soignants et les conditions de travail qui se dégradent, rien ne bouge vraiment. Le gouvernement semble privilégier les solutions faciles, au détriment d’une vraie réforme en profondeur.

Le signal envoyé est clair – et pas dans le bon sens. Il dit aux soignants que leur dévouement ne sera pas récompensé à la hauteur de leurs efforts. Il leur dit qu’ils doivent s’estimer heureux avec quelques billets en plus, quand ce qu’ils méritent, c’est une vraie revalorisation, durable et à la hauteur de leur engagement.

En conclusion : une reconnaissance au rabais

Cette prime de 180 euros n’a rien d’un cadeau. C’est une gifle déguisée en ruban. Plutôt que de saluer le travail des IPA, elle témoigne d’un profond mépris pour des professionnels pourtant essentiels au fonctionnement de notre système de soins. Il est temps d’arrêter de faire semblant. Une revalorisation réelle et pérenne s’impose pour tous les soignants, avant que le système ne s’effondre pour de bon.

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